Alexandra Bresson
iStock/Eva-KatalinLe terme de « santé intestinale » a gagné en popularité auprès des chercheurs et praticiens ainsi que sur les réseaux sociaux. D'un point de vue scientifique, toutefois, elle reste difficile à définir mais également à mesurer. Reste qu’une question est fréquemment posée dans ce domaine, à son médecin généraliste, sa diététicienne, ou sur Internet : j’ai mal au ventre, que dois-je ou ne dois-je pas manger pour préserver ma santé intestinale ? L’un des indicateurs principaux d’un intestin en bonne santé n’est autre qu’une une digestion efficace des nutriments, pour une absorption optimale de ces derniers. A ce titre, quels aliments sont les alliés d’un bon transit ? En premier lieu, les aliments riches en fibres solubles et insolubles (fruits et légumes, céréales complètes, légumineuses) et ceux riches en probiotiques (yaourts, kéfir, choucroute et autres aliments fermentés…). Mais un autre aliment s’avérerait particulièrement utile pour bénéficier d’une digestion fluide, comme l’affirment des chercheurs du King’s College de Londres.
Leur étude publiée dans « l'American Journal of Clinical Nutrition » a consisté à étudier l'impact des amandes entières et moulues sur la composition du microbiote intestinal, à savoir l’ensemble des micro-organismes, bactéries, virus, parasites, qui vivent dans l’intestin grêle et le côlon. Il s’avère que la consommation d'amandes peut entraîner une augmentation significative du butyrate, une forme d'acide gras à chaîne courte bénéfique (SCFA), et une plus grande fréquence des selles, entraînant des modifications bénéfiques de la fonctionnalité du microbiote intestinal. Le butyrate est produit par les microbes dans l'intestin lorsqu'ils digèrent les fibres et sont la principale source de carburant pour les colonocytes, les cellules qui tapissent le côlon. Lorsque ces cellules fonctionnent efficacement, elles fournissent une condition idéale pour que les microbes intestinaux se développent, pour que la paroi intestinale soit solide et non perméable ou enflammée et pour que les nutriments soient bien absorbés.
Un lien direct entre alimentation et « bonnes » bactéries dans le microbiote
« Une partie de l'impact du microbiote intestinal sur la santé passe par la production d'acides gras à chaîne courte, tels que le butyrate. Ces molécules agissent comme une source de carburant pour les cellules du côlon, régulent l'absorption d'autres nutriments dans l'intestin et aident à équilibrer le système immunitaire. », explique Kevin Whelan, professeur de diététique au King's College London. Pour mener cette étude, les chercheurs ont recruté 87 participants en bonne santé, hommes et femmes, âgés de 18 à 45 ans, qui se sont décrits comme des « grignoteurs » réguliers prenant deux collations malsaines ou plus par jour (chocolat, chips). Les participants, qui suivaient un régime alimentaire contenant moins de fibres que ce qui est recommandé officiellement, ont été divisés en deux groupes. Ceux du premier groupe ont reçu 56 g/jour d'amandes entières, et ceux du deuxième groupe 56 g/jour d'amandes moulues (farine d'amandes) tandis qu’un groupe témoin a mangé une collation à valeur énergétique équivalente.
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Les participants devaient prendre ces collations au lieu de leurs collations habituelles, deux fois par jour pendant 4 semaines et devaient boire au moins 100 ml d'eau avec. Pour les résultats, les chercheurs ont pris en compte plusieurs critères : l'abondance relative des bifidobactéries fécales, la composition et la diversité du microbiote fécal, le temps de transit dans l'intestin entier, le pH intestinal, la production de selles (fréquence et consistance) et les symptômes intestinaux. Dans l’étude en question, il est précisé que « le microbiome intestinal est constitué de milliers de micro-organismes vivant dans l'intestin. Ceux-ci jouent un rôle vital dans la digestion des nutriments et peuvent avoir une influence sur notre santé, y compris nos systèmes digestif et immunitaire. Les mécanismes de l'impact du microbiote intestinal sur la santé humaine sont toujours à l'étude, mais les preuves suggèrent que la consommation de types d'aliments spécifiques peut influencer positivement les types de bactéries présentes dans notre intestin ou ce qu'elles y font. »
Bien choisir sa collation, pour augmenter sa consommation de fibres
Les résultats n’ont montré aucune différence significative pour le transit intestinal, le temps nécessaire pour que les aliments se déplacent dans l'intestin mais en revanche, les mangeurs d'amandes entières avaient 1,5 selles supplémentaires par semaine par rapport aux participants des autres groupes. Un constat qui peut s’avérer très bénéfique pour les personnes souffrant de constipation. En outre, le fait de remplacer les collations malsaines par ces aliments ont permis aux participants de bénéficier d’apports plus élevés en acides gras mono-insaturés, en fibres, en potassium et en d'autres nutriments importants par rapport au groupe témoin. En effet, contrairement aux idées reçues, nous avons besoin de graisses dans notre alimentation : si les graisses saturées (graisses d’origine animale, pâtisserie, charcuterie, produits laitiers gras) doivent être limitées, un régime riche en graisses insaturées (acides gras mono-insaturés et poly-insaturés) que l'on trouve dans les amandes, l'huile d'olive, les avocats, les poissons gras, est à privilégier.
Attention cependant, la revue médicale Vidal précise bien à leur sujet que si « ces acides gras devraient constituer l’essentiel de l’apport quotidien en lipides, ils sont néanmoins tout aussi caloriques que les acides gras saturés. » Une autre découverte a été le fait que les amandes ont été bien tolérées et n'ont pas entraîné de symptômes gastro-intestinaux, ce qui indique que leur consommation peut être un moyen d'augmenter les fibres sans causer d'effets indésirables gênants sur le transit, comme c'est souvent le cas lorsque des aliments riches en fibres sont ajoutés à un régime alimentaire. « Nous pensons que ces découvertes suggèrent que cette collation peut bénéficier au métabolisme bactérien d'une manière qui a le potentiel d'influencer la santé humaine. », conclut le Pr Kevin Whelan. Cette étude ayant en majorité été réalisée avec des femmes, la prochaine étape pour l’équipe scientifique sera de déterminer plus précisément si cette découverte est également généralisable aux hommes ou aux populations plus âgées.
le 21/10/2022
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