Après les valeurs nutritionnelles et le prix, la valeur environnementale des aliments pourrait devenir une troisième composante en formulation. Des actions allant dans ce sens commencent à voir le jour. Ainsi, les industriels de la nutrition animale se sont engagés à importer 100 % de tourteau de soja non associé à la déforestation d’ici 2025. Le distributeur Lidl a annoncé un objectif « zéro déforestation » d’ici 2025 par substitution ou relocalisation du soja. Cette thématique est aussi au cœur de l’Espace pour demain au Space 2022. Prochainement, la mise en place du label bas carbone en filière porcine permettra une rémunération des efforts réalisés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Trois leviers d’action
Le poste « alimentation » peut représenter à lui seul entre 55 et 75 % de l’impact changement climatique. Différents leviers alimentaires peuvent être actionnés pour limiter cet impact : utiliser des matières premières locales et/ou non associées à la déforestation, formuler des aliments à basse teneur en protéines pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment le protoxyde d’azote dont le potentiel de réchauffement est 265 fois supérieur à celui du CO2, et les émissions d’ammoniac qui peuvent être à l’origine d’émissions de protoxyde d’azote indirectes, ou tout simplement en améliorant l’efficacité alimentaire ou la productivité. Les acides aminés de synthèse peuvent aider à améliorer la valeur environnementale des aliments, à condition qu’ils soient produits localement.
Avec les nouveaux acides aminés présents sur le marché et produits localement (leucine et isoleucine), on peut aller plus loin vers la baisse en protéines des rations et l’utilisation de matières premières plus variées et locales, tout en maintenant les performances zootechniques.
Des acides aminés d’origine française
Les Chambres d’agriculture de Bretagne ont mené des essais sur une alimentation à basse teneur en matières azotées totales (MAT) sur les aliments 2e âge et d’engraissement, en partenariat avec l’entreprise Metex Noovistago. Avec la distribution d’un aliment 2e âge à 16,6 % contre 18 % de MAT, et tout en maintenant les préconisations en acides aminés essentiels de la lysine jusqu’à l’histidine, on obtient une diminution de 12,9 % de l’impact environnemental en équivalent CO2 par tonne d’aliment (1). Cette diminution est permise par l’utilisation de matières premières principales française et européenne et d’acides aminés français (excepté la thréonine et l’histidine). En formulant à partir d’acides aminés d’origine chinoise (exceptés pour la leucine et la méthionine qui restent françaises), l’impact carbone n’est diminué que de 5 % avec une formulation à bas taux protéique. En prenant en compte les performances zootechniques (consommation alimentaire et croissance), la diminution de l’impact environnemental en équivalent CO2 est de 14 % par kilo de croît, tandis que les émissions d’ammoniac sont réduites de 16 %.
Impact environnemental réduit de 7,4 % en engraissement
En engraissement, la formulation d’aliments croissance et finition à bas taux protéique (14,5 % et 12,6 % de MAT respectivement) a permis une diminution de 7,4 % de l’impact environnemental de l’alimentation en équivalent CO2 par tonne d’aliment, en comparaison à une alimentation biphase avec des aliments croissance et finition formulés à 15,7 % et 13,9 % de MAT respectivement, grâce à l’utilisation d’acides aminés français (excepté Thréonine). En revanche si l’on utilise des acides aminés d’origine chinoise en majorité (excepté la méthionine qui reste française), l’impact environnemental est dégradé de 3,4 % équivalent C02 avec les aliments formulés à bas taux protéique. Réduire la teneur en MAT des aliments requiert une plus grande supplémentation en acides aminés et ceux-ci peuvent participer à hauteur de 20 % à l’impact carbone de l’aliment si on ne tient pas compte de la différence d’impact en fonction de l’origine de production. Par exemple les acides aminés produits en Chine ont en moyenne un impact carbone 5 fois plus élevé que ceux produits en France. En prenant en compte les performances zootechniques (consommation alimentaire et croissance), la diminution de l’impact environnemental en équivalent CO2 est de 6,1 % par kilo de croît, tandis que les émissions d’ammoniac sont réduites de 15 à 37 %.
(1) source : bases de données GFLI, Ecoalim et une étude EVEA
Limiter l'impact carbone des élevages par l'aliment - Réussir
Read More
No comments:
Post a Comment