Un projet de recherche auquel participe depuis deux ans Ugo Javourez, étudiant chercheur à l'Institut national des sciences appliquées à Toulouse, propose de transformer les déchets en aliments.
Dans votre projet de recherche, vous vous êtes intéressé à la transformation des déchets en aliments. Quels sont les déchets que vous avez utilisés ?
Nous n'avons utilisé que des déchets organiques, qui ne sont pas faits de plastique ou de métal. Il y a des choses qui pourraient déjà être mangées mais qui le sont peu voire pas, comme les déchets d'abattoirs que sont les boyaux et les peaux, ou les résidus alimentaires. Puis on a étudié des produits a priori assez éloignés d'un aliment comestible. Il y a les déchets de bois comme les sciures, les déchets verts comme les branchages, les tontes de gazon, le fumier ou encore les déchets d'épuration.
Comment peuvent-ils être transformés en aliments ?
Globalement, il y a quatre grandes familles de méthodes. On peut extraire des protéines alimentaires des déchets verts, des plumes, des poils ou des boues. Les déchets issus du bois nous permettent de produire et de raffiner du sucre. Les animaux, et en particulier les insectes, peuvent nous aider à convertir des déchets en produits comestibles. Il y a aussi la fermentation : on va utiliser des microalgues pour concentrer des nutriments trouvés dans les eaux usées, ou des bactéries pour convertir des gaz en protéines. Enfin, certains déchets sont déjà comestibles et notre enjeu va être d'en améliorer le goût et l’apparence. Toutes ces techniques ne sont pas plausibles et acceptables, donc on a poussé notre analyse sur les techniques qui limitent les risques sanitaires et qui se basent sur nos déchets inévitables.
À quoi ça peut ressembler dans l'assiette ?
Les stratégies actuelles consistent à fabriquer des analogues à des produits que l'on connaît bien, des alternatives à la viande par exemple, ou en les incluant dans des produits transformés. Il y a des snacks à la farine d'insectes. Ça permet d'éviter ce qu'on appelle la néophobie alimentaire. Si pour l'instant, l'utilisation des déchets comme aliments sert surtout dans l'alimentation animale, leur déploiement dans les rayons de nos magasins demandera d'étudier les aspects culturels, sociaux, avec attention.
Quel impact ont ces techniques sur l'environnement ?
Les études prouvent que produire des aliments à partir de déchets permet de diminuer la pression sur la Terre. On limite la déforestation, on génère des bénéfices sur l'eau, les azotes, le phosphore qui sont utilisés dans les cultures agricoles. Il faut savoir que l'alimentation génère aujourd'hui 30% des émissions de gaz à effets de serre à l'échelle planétaire.
Votre projet s’inscrit dans un projet plus vaste sur une économie entière basée sur le réemploi des déchets. Quelles autres façons y a-t-il d’utiliser les déchets ?
On appelle ça la bio économie. D'autres personnes de mon équipe étudient la transformation des déchets en énergie, en fertilisants, en matériaux, ou encore en molécules. Ça pose la question des services que l'on souhaite prioriser, car les déchets sont aussi des ressources limitées. Pour arbitrer entre toutes les valorisations possibles, et tenter d'orienter les choix politiques, on anticipe les impacts environnementaux de chacun de ces recyclages, et on propose une feuille de route de la transition vers une bio économie vertueuse.
Ugo Javourez : "Produire des aliments à partir de déchets permet de diminuer notre empreinte carbone" - LaDepeche.fr
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