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CONSOMMATION - L’arbitrage aurait déjà dû être rendu il ya une dizaine de jours. Alors que la guerre entre la Russie et l’Ukraine continue, l’industrie agroalimentaire française fait les frais des pénuries liées à l’affrontement. L’huile de tournesol, en particulier, s’apprête à manquer pour les plats préparés qui en contiennent. Et la décision de la direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) se fait attendre.
La Russie et l’Ukraine représentent à elle deux pas moins de 78% des exportations mondiales du précieux liquide, lequel n’entre pas seulement dans la composition de vos vinaigrettes et mayonnaises maison, mais aussi dans d’innombrables plats préparés.
Sardines à l’huile, salades préparées, plats en sauce, mais aussi fritures, pizzas surgelées.... Il y en a forcément dans cette liste de produits qui se retrouvent régulièrement dans votre caddie. Conséquence de la pénurie, leur composition est sur le point de changer. “C’est un impératif pour nos industriels, ou alors on va parler de chômage partiel” alerte Jérôme Foucault, président de l’association des entreprises de produits alimentaires élaborés (ADEPALE), auprès du HuffPost.
“Pour 90% des produits concernés, il s’agit de remplacer l’huile de tournesol par une autre huile végétale”, poursuit le responsable. De l’huile de colza, par exemple, qui dans de nombreux cas peut se substituer à l’huile de tournesol. Mais ce changement, aussi minimal soit-il, doit être indiqué au consommateur, et c’est là que la situation se crispe.
Informer les consommateurs, mais comment?
La loi française impose en effet un étiquetage “loyal et précis”, qui renseigne “objectivement le consommateur”, et tout changement dans la composition d’un produit préparé doit entraîner la modification de son emballage, en particulier si de nouveaux allergènes risquent d’être ajoutés au produit. Mais pour les industriels, les délais sont bien trop courts pour que l’on puisse remplacer au pied levé les cartons de pizzas ou les étiquettes en plastique décorant les salades préparées.
“Habituellement, les emballages sont commandés en quantité gigantesque, pour l’ensemble de l’année. Il faut, en plus, réserver son créneau six mois à l’avance” expliquait ainsi au FigaroOlivier Andrault, chargé de mission alimentation au sein de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir. C’est pourquoi certaines associations, comme Foodwatch, recommandent la pose d’autocollants en sortie d’usine, pour limiter ainsi l’investissement.
Mais pour Jérôme Foucault, c’est, là encore, impossible. “Poser un sticker à la main, c’est tout simplement titanesque”, résume le responsable, “non seulement en personnel, mais en plus il faut trouver les stickers eux-mêmes”. Et ce dernier point n’a rien d’un détail: depuis des mois, les salariés du géant finlandais UPM sont en grève, provoquant une tension sur les stocks de papier, de cartons mais également d’étiquettes sur tout le continent européen.
Le cas des OGM toujours pas réglé
La piste privilégiée par les industriels serait alors d’utiliser les jets d’encre pour écrire une petite mention “derog”(pour “dérogation”) sur les emballages concernés. À charge ensuite au consommateur final d’aller sur un site internet, mis en place spécialement, pour voir par quel ingrédient a été remplacée l’huile de tournesol.
Une solution qui fait grincer des dents chez Foodwatch: “Ce qu’il faut, c’est une information au consommateur au moment de l’acte d’achat” proteste Camille Dorioz, ingénieur agronome en charge du dossier auprès de l’ONG. “Des stickers, des affichettes dans les rayons, oui”, mais demander au consommateur de faire l’effort de se renseigner en plus de son acte d’achat ne lui paraît pas être adapté.
Car l’affaire dépasse l’huile de colza. Dans un communiqué, l’association explique que “si les consommateurs ne souhaitent pas manger d’OGM ou d’huile de palme, ils doivent pouvoir disposer de l’information au moment de leurs achats.”
Sur ce point, l’ADEPALE se veut conciliante: “Tout ce qui a trait aux allergènes devra faire l’objet d’une inscription directement sur le paquet”, abonde Jérôme Foucault, “tout comme les produits contenant des OGM”. Une inscription au jet d’encre également? La DGCCRF se refuse encore à donner une date, mais des milliers de demandes de dérogations ont déjà été déposées en préfectures.
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