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Wednesday, October 20, 2021

Aliments : la France, championne des prix élevés - 60 Millions de consommateurs

Celles et ceux qui ont passé leurs vacances en Espagne, au Royaume-Uni ou même en Allemagne s’en sont peut-être rendu compte. La facture au supermarché a été plus légère là-bas qu’en France. Les statistiques d’Eurostat sont formelles : notre pays figure parmi les plus chers de l’Union européenne pour ce qui concerne les achats alimentaires.

Certes, le Danemark, le Luxembourg et l’Autriche culminent à des niveaux plus élevés. Mais la France est juste derrière : nous payons en moyenne nos courses 15 % de plus que les autres pays. Plus inquiétant, cet écart ne cesse de croître : il était de +8 % en 2013, et de +12 % en 2016. À niveau de vie comparable, les Allemands achètent leur alimentation 14 % moins cher que les Français.

graphique des écarts par rapport à la moyenne de l’Union européenne

Pourquoi une grande nation agroalimentaire comme la nôtre, qui maîtrise quasiment tous les maillons de la chaîne, de la culture des matières premières jusqu’à la distribution, en passant par les industries de transformation, n’offre-t-elle pas des prix plus abordables ? D’autant que 80 % des aliments que nous consommons sont cultivés et transformés dans notre pays, rappelle l’Association nationale des industries alimentaires (Ania).

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60 % des aliments sont vendus en hypermarché

Première explication : la prédominance des hypermarchés dans notre pays. Même s’ils existent dans d’autres pays, la France reste le berceau de ces magasins de plus de 2 500 m² où l’on vend tout sous le même toit. Au point que près de 60 % des produits de grande consommation sont vendus en hyper, soit deux fois plus qu’en Allemagne où le format des petites surfaces, notamment discount, domine.

Qui dit hypermarché, dit plus large gamme de prix. « Les hypers accueillent davantage de produits premium, régionaux ou locaux qui tirent les indices vers le haut, même s’ils coexistent avec une offre d’appel à bas prix », observe l’Institut de liaisons des entreprises de consommation (Ilec).

Multinationale ou PME, même traitement

Une analyse partagée par Dominique Amirault, président de la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (FEEF), qui regroupe la quasi-totalité des fournisseurs en produits alimentaires de la grande distribution. « En France, les consommateurs ont accès à une grande diversité de produits, la plupart étant fabriqués par des PME. La demande de produits locaux, éthiques, authentiques, est actuellement très forte. Et ces produits ne sont pas moins chers que les autres. »

Dominique Amirault constate également des différences dans les rapports avec les distributeurs. « En Allemagne, Aldi achète très bas mais en très grande quantité, en acceptant de répercuter nos coûts. Il existe ailleurs un meilleur équilibre entre les différents fournisseurs, alors qu’en France, les centrales ne font pas de différences de traitement entre la multinationale et la PME. »

Une cherté à relativiser sur les grandes marques

Mais certains relativisent la cherté hexagonale pour les produits de grande consommation. Ils s’appuient sur une enquête du ministère de l’économie du Luxembourg, qui compare chaque année les prix des marques présentes dans les trois pays limitrophes, Belgique, Allemagne et France. Il s’agit de références identifiables par un code-barres et donc comparables entre elles, soit 10 000 produits environ. L’édition 2020 montre que les prix français sont plutôt compétitifs.

Selon cette enquête, sur les produits frais, notre pays est 6 % moins cher que l’Allemagne et 14 % que la Belgique. Au rayon épicerie, la France fait jeu égal avec l’Allemagne et se trouve à près de dix points sous la Belgique. Pour le rayon des liquides, nous payons 3 % moins cher que les Allemands, 13 % de moins que les Belges.

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Hors de prix : les fruits et légumes et la viande

Si la France n’est finalement pas si mal placée pour ce qui concerne les grandes marques à code-barres, il en va tout autrement pour la viande (30 % plus chère que la moyenne de l’Union) et les fruits et légumes (+27 %).

Cette fois, l’explication avancée par les acteurs de la filière touche aux coûts de production. « Les PME françaises supportent des contraintes supérieures, que ce soit pour le coût du travail ou la fiscalité, affirme Dominique Amirault. Nous avons, par exemple, une taxe due avant toute production, qui n’existe pas ailleurs. D’autre part, les PME sont contraintes par un niveau de sécurité au travail plus élevé que certains autres pays. »

Le concombre français, 75 % plus cher à produire

En France, le coût de l’heure de travail s’établit à 37,30 €, contre une moyenne de 27,80 € dans l’Union européenne, et 37 € en Allemagne. Dans la production agricole, les écarts de coûts de production entre la France et les autres pays atteignent des sommets pour le concombre (+75 %), les nectarines (+55 %), les carottes (+45 %) ou même les pommes (+42 %), selon Eurostat.

Pour l’abattage et la découpe de viande, Allemands, Néerlandais ou Belges recourent à des travailleurs détachés originaires d’Europe centrale ou de l’Est. « Ils sont recrutés par des sociétés d’intérim locales et travaillent en prestation de services aux conditions de leur pays d’origine », observe Patrick Dedinger, inspecteur général de l’agriculture, auteur d’un rapport sur les écarts de compétitivité en Europe. L’introduction d’un salaire minimum en Allemagne, y compris pour les travailleurs détachés, a réduit l’écart du coût du travail avec la France.

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Une inflation provoquée par la loi Egalim de 2018

Enfin, la loi Egalim, adoptée en France fin 2018, a renchéri tous les prix alimentaires avec l’imposition d’une marge de 10 % sur le seuil de revente à perte. L’objectif ? Que cet argent payé par le consommateur et encaissé par les distributeurs soit restitué aux producteurs agricoles.

Sauf que « la loi a déclenché une inflation qui est venue accroître les marges de l’industrie agroalimentaire et de la distribution, sans revalorisation des prix pour les producteurs », lit-on dans un bilan de la loi Egalim publié fin 2020 par un collectif de 26 associations et syndicats.

D’après leurs estimations, le budget alimentaire des ménages aura augmenté de 1,6 milliard d’euros en deux ans. Sur le lait de consommation et la viande de bœuf, « les marges de l’agro-industrie et de la distribution ont augmenté alors qu’aucune progression n’est observée sur le prix payé aux producteurs. Au contraire, celui-ci s’est même dégradé », indique le rapport.

Volailles et charcuteries, les vaches à lait des distributeurs ?

Accusée d’avoir profité de sa situation pour faire des profits indus, la grande distribution préfère avancer les chiffres de l’Observatoire de la formation des prix et des marges, organisme du ministère de l’agriculture, créé suite à la crise des prix agricoles en 2008.

Parmi les rayons rentables, la volaille et la charcuterie génèrent un bénéfice de 5,5 % net. Les fruits et légumes frais dégagent environ 2,5 % net, les produits laitiers entre 0,5 et 1 % net. Mais la boulangerie est à zéro et la poissonnerie perd 4,7 % net. Au total, l’ensemble des rayons alimentaires frais rapportent 1,6 % net du chiffre d’affaires pour les grandes surfaces en 2019. Ce qui peut paraître peu… sauf que ces chiffres d’affaires s’expriment en milliards.

Des chiffres qui n’éteindront pas le débat, et sur lesquels 60 Millions aura l’occasion de revenir plus précisément, afin de s’approcher de la vérité sur les marges des uns et des autres.

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