L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a estimé jeudi 6 mai que le dioxyde de titane, connu aussi en tant que colorant E171, ne pouvait plus être considéré comme un additif alimentaire sûr.
La France l’avait interdit en 2019 comme additif alimentaire pour une durée de un an, avant de renouveler son interdiction pour 2021. Des chercheurs avaient en effet établi que ce produit pouvait provoquer des lésions précancéreuses chez des rats de laboratoire. Mais il entre encore dans la composition de divers dentifrices, cosmétiques et autres médicaments. Ailleurs en Europe, l’E171 figure dans la liste des ingrédients de nombreux biscuits, chewing-gums, confiseries ou plats préparés.
« En prenant en compte toutes les études et données scientifiques disponibles, le groupe a conclu que le dioxyde de titane ne pouvait plus être considéré comme sûr en tant qu’additif alimentaire », affirme un communiqué de l’EFSA, lequel cite l’un de ses hauts responsables, le professeur Maged Younes.
« Un élément décisif pour arriver à cette conclusion a été que nous ne pouvions pas exclure les problèmes de génotoxicité après la consommation de particules de dioxyde de titane. Après une ingestion orale, l’absorption des particules de dioxyde de titane est faible, mais elles peuvent s’accumuler dans l’organisme », a-t-il ajouté.
La génotoxicité désigne la capacité d’une substance chimique à endommager l’ADN, matériel génétique des cellules, rappelle l’EFSA dans son communiqué, précisant qu’elle a mené cette évaluation à la demande de la Commission européenne.
« Aucun bénéfice aux consommateurs »
L’agence européenne précise que son évaluation sert uniquement à la Commission et aux Etats membres, qui sont les seuls à pouvoir prendre une décision concernant l’utilisation de cet additif. Le Conseil supérieur de la santé belge considère par exemple que le dioxyde de titane est « un cancérigène possible (catégorie 2B) ».
L’UFC-Que Choisir, qui redoutait que l’EFSA remette en cause l’interdiction en vigueur en France, s’est dite jeudi « satisfaite » de l’annonce de l’autorité européenne tout en regrettant qu’elle ne concerne pas également la présence du dioxyde de titane dans les cosmétiques et les médicaments.
De son côté, le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) appelle la Commission européenne à se saisir de l’avis de l’EFSA pour « proposer rapidement aux Etats membres d’interdire l’E171 » dans l’ensemble de l’UE, à la suite de la France.
« L’additif E171 n’est pas nécessaire d’un point de vue technique ; il est utilisé uniquement à des fins esthétiques, n’a aucune valeur nutritionnelle, ne permet pas aux aliments de se conserver plus longtemps », a observé Camille Perrin, une experte du BEUC. « En bref, il n’apporte aucun bénéfice aux consommateurs, et, comme l’exemple de la France l’a montré, les producteurs de l’agroalimentaire arrivent très bien à s’en passer », a-t-elle conclu.
L'Autorité européenne de sécurité des aliments ne considère plus le dioxyde de titane comme un additif fiable - Le Monde
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