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Wednesday, May 12, 2021

Bien choisir ses aliments : faites votre marché avec notre série vidéo «Food Checking» - Le Parisien

Ce geste est anodin : tendre la main vers un rayon, saisir un aliment et le jeter dans son chariot ou son panier de courses avant de passer à la caisse du supermarché. Ce geste est anodin, certes, et pourtant il est souvent lourd d’implications pour notre santé, pour notre environnement et pour nos agriculteurs. La manière dont nous consommons façonne le monde dans lequel on vit. C’est pourquoi, chaque semaine, dans les reportages vidéo « Food Checking », nous reproduisons le même geste : saisir un produit mais, en plus, pour comprendre ce qui se cache derrière les étiquettes, remonter à la source.

Dans les usines, les labos, les cuisines et, souvent, jusque dans les exploitations agricoles françaises. Au hasard de la petite cinquantaine d’épisodes publiés à ce jour, on découvre que les « méchants » de l’agro-industrie ne se révèlent pas aussi monstrueux qu’on le croit et que les producteurs plus vertueux sont loin d’être irréprochables. Jugez plutôt par ces trois exemples éloquents piochés dans notre collection d’enquêtes. Et poursuivez l’exploration en retrouvant les vidéos sur le site du Parisien mais aussi Facebook, Instagram et Snapchat.

Identifier les tomates bio vraiment écolo

Afin de produire plus, certains maraîchers français cultivent leurs tomates bio dans des serres chauffées. Problème : selon l’Agence de la transition écologique, ces légumes génèrent trois fois plus de gaz à effet de serre qu’une tomate venue d’Espagne… Pour notre reportage vidéo « Food Checking », nous avons rencontré le maraîcher bio Henri Jehanno, installé près de Lorient : « Ma tomate cerise, le 30 avril, elle n’est pas bio mais le 1er mai, elle le devient », explique-t-il. Ce miracle de l’étiquetage est la conséquence d’un règlement français de 2020 qui interdit, entre le 21 décembre et le 30 avril, de vendre comme bio une tomate cultivée sous serre chauffée. « Mon système de production, se défend Henri, si dénigré par une partie de la communauté bio, assure une quantité de production, sur une plus grande étendue de temps et à des prix raisonnables. »

VIDÉO. Les tomates bio sont-elles toujours écolo ?

Pour Arnaud Daligault, un autre maraîcher bio breton, il faudrait carrément interdire cette méthode, car elle ne respecte pas les cycles naturels. Même la tomate espagnole, au transport polluant, a un impact environnemental plus faible que la française cultivée sous serre chauffée. Et le goût ? Nous avons réalisé un test à l’aveugle avec le chef Éric Guérin, étoilé à la Mare aux Oiseaux (Loire-Atlantique), avec des tomates « hors saison » achetées en grande surface. Et c‘est la française conventionnelle (3,59€ le kg) qui triomphe. La conventionnelle espagnole, beaucoup moins chère (1,79€ le kg), arrive en dernier. Conclusion : si on aime vraiment les tomates – et la planète – mieux vaut en acheter quand c’est la saison en France, entre mi-mai et mi-novembre.

Attention aux arnaques sur le miel

Alors que la production française est en chute libre, plus de 40 % des échantillons de miel testés par la Répression des fraudes se révèlent irréguliers. « Je ne suis pas sûr que beaucoup de monde s’aperçoive de la différence », déclare, embarrassé, l’apiculteur Gaël Cartron, après avoir goûté au miel qu’il vient de contrefaire sous nos yeux, à notre demande. Il n’aura fallu que quelques minutes à l’entrepreneur à la tête de la marque Miel de Paris pour simuler une fraude. Le principe est simple : mélanger 70 g de miel d’acacia prélevés dans un pot vendu en supermarché avec 30 g de sirop de nourrissement, un liquide dont disposent tous les apiculteurs afin de nourrir leurs abeilles en cas de carence dans le milieu naturel.

VIDÉO. Comment éviter les miels de contrefaçon ?

« On voit que le sirop est composé de fructose et de dextrose dans des proportions qui peuvent être tout à fait proches de ce qu’on peut trouver dans du miel », poursuit l’artisan. « Sans analyse en laboratoire, il n’y a aucun moyen de détecter la fraude, observe Patricia Beaune, directrice qualité du laboratoire d’analyse de Famille Michaud, le plus gros conditionneur de miel français (Miel l’Apiculteur, Lune de miel…). Gustativement, vous ne repérerez rien, et visuellement, nous ne repérerons rien non plus. » Comment ne pas se tromper ? Paradoxalement, mieux vaut faire confiance aux grandes surfaces. Selon la Répression des fraudes, les produits vendus en circuit court et surtout sur Internet sont ceux qui présentent statistiquement le plus d’anomalies ! Et privilégiez les miels crémeux et cristallisés qui, a priori, sont beaucoup plus compliqués à couper avec du sirop.

Pour le camembert, suivez le label AOP

Connaissez-vous la différence entre les camemberts Président, Cœur de Lion ou le Rustique et les camemberts Graindorge, Réo ou Gillot ? Tous sont disponibles en grande distribution, et pourtant, les premiers sont industriels tandis que les seconds répondent à un cahier des charges très exigeant, celui de l’appellation d’origine protégée (AOP) du camembert de Normandie. « Le lait doit provenir au moins à 50 % de vaches de race normande ayant pâturé six mois de l’année », explique Pierre Marty, à la tête de la Fromagerie du Val-de-Sienne (camemberts de la marque Bonchoix).

VIDÉO. Comment reconnaître un vrai camembert de Normandie ?

Son entreprise est l’une des 11 dernières à perpétuer la fabrication selon la méthode inventée à l’époque de la Révolution. Mais ces fromages AOP représentent une infime minorité (6000 t par an) de la production française (60 000 t). La manière la plus efficace de s’assurer que l’on mange un vrai camembert, c’est encore de chercher sur l’emballage le logo jaune et rouge précisant « Appellation d’origine protégée ». Une fois sorti de sa boîte, peut-on distinguer un camembert AOP ? On a demandé à Laure Takahashi, patronne de la fromagerie parisienne Taka & Vermo, de déguster à l’aveugle trois produits de supermarché. Son classement est éloquent : l’AOP Gillot (3,69 euros) arrive en tête, suivi du Président (1,79 euro) et enfin du Rustique (1,95 euro). Victoire pour l’AOP !

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