« Tout le monde est potentiellement concerné ». Les fraudes alimentaires « se multiplient » en Europe et en France, alerte l’ONG Foodwatch qui lance ce jeudi une campagne dans l’Hexagone pour obtenir des autorités françaises davantage de « transparence ».
Selon elle, « le sujet reste tabou en France ». « Nous avons au mieux uniquement accès à des informations très générales sur les conclusions de certaines enquêtes menées par la répression des fraudes (DGCCRF) ou la Direction générale de l’alimentation (DGAL). Mais le nom des marques concernées par des fraudes, celui des produits, des fabricants, les quantités et les lieux de vente par exemple, sont la plupart du temps tenus secrets », regrette-t-elle.
🔴 Manger #DuFauxPourDeVrai : après plusieurs années d’enquête, nous brisons le tabou de la #fraude alimentaire et réclamons plus de transparence aux autorités.
— foodwatch France (@foodwatch_fr) March 25, 2021
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Thon avarié, fausse huile d’olive…
Pour sa campagne, qui s’accompagne d’une pétition, l’organisation s’appuie sur un livre intitulé Manger du faux pour de vrai (Editions Robert Laffont), fruit d’une enquête sur la fraude alimentaire en Europe menée par Ingrid Kragl, en charge des investigations pour Foodwatch. En 400 pages, elle égrène les scandales alimentaires des dernières années en Europe : la viande de cheval vendue comme étant du bœuf, l’huile de tournesol devenue soudain de l’huile d’olive, beaucoup plus chère, grâce à un ajout de chlorophylle, le thon avarié injecté d’additifs dangereux pour lui donner l’air d’être frais et qui a provoqué des intoxications alimentaires…
Elle évoque également des vins du Languedoc devenus du pomerol ou du margaux, les produits faussement bio, ceux qui s’arrogent une Appellation d’origine protégée (AOP) sans pouvoir y prétendre ou encore les miels lourdement édulcorés chimiquement.
Un produit bio sur huit contrôlé en France « n’est pas aussi bio qu’il le prétend »
D'après l'enquête réalisée, un produit bio sur huit contrôlé en France « n’est pas aussi bio qu’il le prétend », et ce chiffre « monte même jusqu’à un produit bio contrôlé sur trois » dans les Alpes-Maritimes, assure l’association.
D’après Ingrid Kragl, la pandémie aurait largement profité aux fraudeurs, l’attention des autorités s’étant surtout tournée vers les faux produits du Covid-19 (masques, gels, compléments alimentaires…). « Vendre de la nourriture contrefaite, contaminée, illégale, des appellations d’origine protégée qui n’en sont pas, des imitations de grands crus ou des faux pesticides est devenu un business très juteux et il s’est accru avec la crise sanitaire », explique-t-elle au Parisien.
Les pertes liées à ces fraudes estimées à « 30 milliards d’euros chaque année » en Europe
Avec cette enquête, « j’ai voulu créer un électrochoc », ajoute Ingrid Kragl. « Rien ne justifie l’opacité actuelle. Il s’agit avant tout d’un choix politique, aujourd’hui entre vos mains », a notamment écrit l’organisation Foodwatch dans une lettre, rendue publique, adressée au ministre de l’Economie Bruno Le Maire et à celui de l’Agriculture Julien Denormandie.
Selon la Commission européenne, les pertes pour l’industrie liées à ces fraudes alimentaires sont estimées à « environ 30 milliards d’euros chaque année » en Europe, rappelle l’organisation née en 2002 en Allemagne et implantée en France depuis 2013. Foodwatch ajoute que « des réseaux de criminalité organisée ont compris qu’il y avait un filon à exploiter dans le trafic d’aliments : peu de risques de se faire coincer et une aubaine pour blanchir de l’argent ».
Faux aliments bio, nourriture contaminée… L’ONG Foodwatch alerte sur la fraude alimentaire - 20 Minutes
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