Rechercher dans ce blog

Monday, September 12, 2022

Alicaments: se soigner en mangeant ? - sante.lefigaro.fr

Le concept, issu du marketing, n'est pas du goût des nutritionnistes. Il est préférable d'équilibrer son alimentation plutôt que d'opter pour des produits enrichis.

Associer dans un même mot les concepts de médicament et d'aliment, c'est dangereux ! » Pour Anthony Fardet (université de Clermont- Auvergne/Inrae), chercheur en alimentation préventive, il s'agit là d'une dérive sémantique potentiellement néfaste pour notre santé. « On se situe clairement dans ces concepts réductionnistes qui n'ont aucunement prouvé leurs effets, où l'on manipule des aliments pour ensuite leur attribuer des vertus sur la base d'un ou de quelques-uns de leurs constituants, autrement dit, en vous ­faisant croire que si une partie du tout est bonne, l'ensemble est bon, alors que c'est souvent faux. »

Quels sont ces produits qualifiés d'alicaments ? Par exemple, la margarine à laquelle ont été ajoutés des phytostérols : elle est supposée réduire le taux de mauvais cholestérol. Ou bien, des yaourts et des boissons dites « probiotiques », dont on affirme qu'elles favorisent un bon transit intestinal. Ou ­encore des œufs ou du lait enrichis en acides gras oméga-3, en vertu de quoi le fonctionnement du cœur et des artères serait amélioré. Leur appellation d'« alicament », contraction des mots aliment et ­médicament est un concept directement issu du ­marketing.

Allégations examinées

Il y a aujourd'hui beaucoup moins de ce genre de promesse santé sur les packagings : une réglementation plus restrictive a été mise en place. Notamment, l'autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a fait le ménage parmi les quelque 4600 allégations de santé (dont environ 1500 concernant des substances végétales) qui lui ont été transmises par les États membres. Toutes celles concernant des micro-organismes (à l'instar des probiotiques) ont été rejetées, comme la plupart de celles portant sur les propriétés antioxydantes de substances ou denrées alimentaires. Seules 229 allégations de santé génériques ont été autorisées, et la plupart portent sur des vitamines ou minéraux.

» LIRE AUSSI - Comment une alimentation saine permet de limiter le risque de dépression

En décembre dernier, l'association Cochrane a fait la synthèse des données publiées sur les bienfaits potentiels d'aliments enrichis avec ces micronutriments.

Son enquête porte sur une quarantaine d'études ­menées principalement chez les enfants, dont une forte proportion financée par des industries de l'agroalimentaire – « ce qu'on appelle le “biais de ­financement” », commente Anthony Fardet. Les denrées testées vont des aliments de base (riz et ­farine) aux pâtes à tartiner et aux biscuits en passant par les boissons et produits laitiers. Dans l'ensemble, les études concluent aux bienfaits d'un enrichissement en ­micronutriments multiples (zinc, fer, ­sélénium, vitamines A, B, C et E) vis-à-vis de l'anémie et de certaines carences. Mais pour Anthony Fardet, « l'idée sous-jacente peut être trompeuse. C'est un message problématique vis-à-vis des consommateurs qui pourraient comprendre : “Continuez à mal vous alimenter, on va corriger vos ­déficits en minéraux et vitamines en enrichissant vos aliments.” Alors qu'il faudrait se demander pourquoi il y a des déficits, se détourner de la “malbouffe” et revenir à une alimentation saine et naturelle, avec plus de végétaux et de diversité, et moins d'aliments ultratransformés. Alors, vous n'aurez plus vraiment besoin d'aliments fonctionnels enrichis en composés isolés et supposés protecteurs ».

Adblock test (Why?)


Alicaments: se soigner en mangeant ? - sante.lefigaro.fr
Read More

No comments:

Post a Comment

FEMME ACTUELLE - Le top des aliments pour booster son immunité - Yahoo

le10sport.com F1 : Une écurie effraie tout le paddock Fernando Alonso s'apprête à effectuer ses grands débuts avec Aston Martin ce di...