Le directeur d'Agri-Ma international, à Perpignan, premier centre européen de commercialisation en légumes frais, explique la hausse des prix.
Pourquoi les fruits et légumes sont-ils de plus en plus chers ?
La hausse la plus forte est celle du transport, notamment en Espagne. Le transport depuis ce pays a augmenté de 30 % en trois mois, soit d’environ 5 centimes supplémentaires du kilo pour une marchandise qui part d’Espagne et arrive à Perpignan. Le tarif des transports en France dépend d’un facteur qu’on appelle la taxe gasoil, et qui varie en fonction du tarif de l’essence.
Par exemple, elle est en ce moment de 23 % à Rouen. Pour tout transport qui est censé coûter 100 € la palette, je paie aujourd’hui 123 €. Selon les légumes et les fruits livrés, le surcoût au kilo varie, mais il gravite autour de 6 centimes du kilo.
Il faut également ajouter le coût des matières premières, comme les cartons d’emballage, les palettes en bois ou encore les cercles en plastique. Le carton, par exemple, a subi une augmentation de 30 %. Le prix se retrouve donc 3 à 4 centimes plus cher sur la marchandise.
En plus, la nouvelle loi relative à l’utilisation des emballages plastique nous oblige à utiliser une matière recyclable. Avant, on utilisait des filets en plastique, qui coûtent 16 € du kilomètre. Maintenant, on doit se fournir en cellulose, fabriquée à partir de bois. Cette matière première recyclable est 12 à 13 fois plus chère que le propylène. Au filet, le surcoût est d’environ 9 centimes du kilo.
Le contexte actuel influe-t-il sur cette hausse ?
La crise en Ukraine, la flambée des prix du pétrole et des matières premières, la Chine qui pille les réserves du bois. Tous ces facteurs participent à l’inflation que l’on connaît. Par exemple, pour le bois, la Chine monopolise les ressources, ce qui cause des pénuries chez nous. Bientôt, on va transporter les produits à la main, faute de palettes.
Les gens vont abandonner petit à petit, on va perdre des exploitants, des agriculteurs, à cause des conditions de travail difficiles
Concernant la guerre en Ukraine, il y a, certes, un conflit. Mais l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole, NDLR) s’en fiche. Au contraire, ces pays en profitent pour monter les prix. Les gens qui profitent de la situation pour gagner de l’argent, ça me débecte. La pandémie, et maintenant la crise en Ukraine, ça fait beaucoup pour nous. Je ne peux que faire un constat dépité et accablant de notre système.
Quelles en sont les conséquences ?
La relation avec mes clients s’est dégradée. On s’insulte tous les jours. Mais ce sont les agriculteurs qui paient les pots cassés. Sans que les légumes ne soient plus chers au départ, on a 15 centimes d’augmentation. Les gens ont l’air de penser qu’on en profite. Mais non, on ne fait que subir la crise.
Ce qui va se passer, c’est que les gens vont abandonner petit à petit, on va perdre des exploitants, des agriculteurs, à cause des conditions difficiles de travail.
Quels produits sont les plus touchés ?
Les produits les plus impactés, ce sont les produits à faible densité, ceux qui prennent de la place et sont très légers. Concrètement, pour une palette de salades, on a environ 300 kg au mètre cube.
Avec un tarif de transport de 100 € la palette, on paiera 25 centimes du kilo, sans prendre en considération les variations du cours des légumes. Parmi ces produits, il y a également les poivrons ou les aubergines.
Le Perpignanais Franck Bonnald : "Les aliments les plus impactés sont ceux qui prennent de la place" - Midi Libre
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