Pourquoi faut-il faire attention à son alimentation pendant la grossesse ?
Si l’alimentation joue un rôle fondamental dans le maintien de notre bonne santé... c’est d’autant plus vrai lorsqu’on attend un enfant ! Adopter une alimentation équilibrée et diversifiée permet de mettre toutes les chances de son côté pour vivre le plus sereinement possible sa grossesse. Doit-on pour autant virer orthorexique et s’inquiéter du moindre écart ? « Bien sûr que non, rassure Catherine Conan-Chegrani, diététicienne-nutritionniste. Déjà, il faut savoir que notre corps a une capacité d’adaptation telle qu’il est capable de fournir à votre bébé tout ce dont il a besoin pour un développement harmonieux. Et si vos besoins nutritionnels ne sont pas satisfaits par une alimentation équilibrée, variée et diversifiée, votre bébé puisera dans vos réserves. Alors pas de panique si vous n’arrivez pas à manger de manière équilibrée pendant quelque temps (par exemple, si vous êtes nauséeuse), la nature est très bien faite ! ». En revanche, il est fortement conseillé de stopper l’alcool et le tabac, de limiter votre consommation d’excitants (café, thé) et de ne pas manger certains aliments crus ou non pasteurisés afin d’éviter le risque de toxoplasmose, de salmonellose et de listériose.
Attention à la listériose...
La listériose est une maladie due à une bactérie appelée listeria monocytogenes, qui peut avoir des répercussions particulièrement graves chez la femme enceinte et le nouveau-né. « Listeria monocytogenes est une bactérie largement répandue dans l’environnement, précise le Ministère de la Santé. On la retrouve dans le sol, l’eau, les végétaux et dans de nombreux réservoirs animaux. Elle peut être également présente dans l’environnement domestique - réfrigérateurs et congélateurs ménagers - car, contrairement à la plupart des autres bactéries, elle est psychrophile, c’est-à-dire qu’elle peut se développer à basse, voire très basse température. La contamination est essentiellement alimentaire : produits laitiers - en particulier les fromages au lait cru - certaines charcuteries, les produits de la mer, ainsi que les végétaux ».
Les symptômes
La listériose se manifeste par une fièvre plus ou moins élevée, des maux de tête, des douleurs musculaires et parfois des troubles digestifs : nausées, vomissements, diarrhées.
Des complications neurologiques comme la méningite ou l’encéphalite peuvent également survenir et mettre en jeu le pronostic vital du patient. « Dans le cas particulier de la contamination de la femme enceinte, l’infection peut passer inaperçue ou se réduire à des symptômes similaires à ceux de l’état grippal, poursuit le Ministère de la Santé. Cependant, les risques et conséquences peuvent être graves pour l’enfant à naître : avortement, accouchement prématuré, formes septicémiques avec détresse respiratoire du nourrisson dans les jours qui suivent la naissance, etc. »
Pas de panique pour autant : sachez que la bactérie est sensible à la chaleur et qu’elle est détruite au cours de la cuisson et de la pasteurisation. Il suffit juste d’adopter de bons réflexes.
... ainsi qu’à la toxoplasmose
Maladie infectieuse provoquée par le parasite Toxoplasma gondii, la toxoplasmose est relativement fréquente en France. Selon l’ANSES, environ 50 % de la population adulte est infectée généralement sans symptômes apparents et près de 200 000 à 300 000 nouvelles infections surviennent chaque année. Pathologie généralement bénigne, elle peut se révéler malheureusement très dangereuse pour le fœtus. « Dès le début de la grossesse, une prise de sang permet de vérifier si vous êtes immunisée contre la toxoplasmose, explique Catherine Conan-Chegrani. Dans l’affirmative, vous n’avez aucun souci à vous faire. Dans le cas contraire : quelques précautions simples vous permettront d’éviter la contamination ».
La contamination par le parasite s’effectue lors de la consommation de viande mal cuite ou à partir des selles d’un chat ou d’objets souillés par ces selles : la terre, la litière ou des fruits et légumes poussant près du sol.
Les symptômes
La toxoplasmose se manifeste par des symptômes évoquant une grippe : fièvre légère, douleurs musculaires, fatigue, ganglions enflés. Ils disparaissent spontanément. En revanche, contractée pendant la grossesse, la pathologie infectieuse peut entraîner des anomalies importantes du développement du fœtus, voire une fausse couche.
Sans oublier la salmonellose !
Pathologie induite par une bactérie du genre Salmonella, la salmonellose peut également être grave chez la femme enceinte plus à même de développer une forme sévère. « La plupart des Salmonella sont hébergées dans l'intestin des animaux vertébrés et sont le plus souvent transmises à l'homme par le biais d'aliments contaminés, précise l’Institut Pasteur. Les principaux symptômes de l’infection sont : fièvre, diarrhée, vomissements et douleurs abdominales ». Une grande variété de produits alimentaires, consommés crus, peu cuits ou ayant fait l’objet d’une contamination post-cuisson, peut être à l’origine d’une contamination humaine : produits à base de viande - dont la charcuterie - d’œufs ou de lait cru (certains fromages).
Quels sont les aliments à éviter contre la toxoplasmose, la salmonellose et la listériose ?
Afin d’éviter les risques liés à la listériose, la salmonellose ou la toxoplasmose pendant la grossesse, il faut proscrire les aliments suivants :
- le lait cru et les fromages au lait cru comme le camembert, le brie mais aussi les chèvres frais, la feta, le munster ou le Pont-l’Evêque. « Oubliez aussi les croûtes de fromages car les bactéries s’y concentrent. Seuls le lait stérilisé et les fromages pasteurisés ont droit de cité dans l’assiette de la femme enceinte ! », précise Catherine Conan.
- la viande crue (steak tartare) ou fumée, les viandes saignantes ou peu cuites ainsi que les brochettes, les fondues bourguignonnes, les viandes cuites servies froides. « Vous pouvez consommer toutes les viandes et volailles à condition toutefois d’être vigilante sur les viandes de porc et de mouton, plus sujettes au toxoplasme, ajoute la diététicienne-nutritionniste. Pour diminuer le risque de toxoplasmose, il est important de bien cuire la viande dans toute son épaisseur. En ce qui concerne le gibier, sachez qu’il peut provoquer une intoxication alimentaire. Il contient en effet des toxines qui transforment les protéines si la viande n’est pas d’une fraîcheur parfaite ».
- la charcuterie : les rillettes, les pâtés, le foie gras mi-cuit et les produits en gelée sont à proscrire. « Vous pouvez manger du jambon blanc sans risque, poursuit Catherine Conan-Chegrani. Mais, pour une question de graisses saturées, retirez le gras et la couenne. Oubliez les autres charcuteries le temps de votre grossesse car ce sont des produits trop sensibles sur le plan bactériologique. Et vous ne devez prendre aucun risque... ».
- le poisson fumé ou cru : faites bien cuire le poisson (au-delà de 55°C) et consommez-le dans les 48 heures après achat. « Si vous avez vraiment envie de le manger cru, congelez-le au préalable pendant au moins 7 jours avant de le consommer (afin de tuer les germes) sinon adieu sushis ! », rappelle la diététicienne.
- les coquillages crus, les crustacés, le surimi, le tarama sont à proscrire. Mais, vous pouvez sans problème manger des crevettes grises, des crevettes roses ou des langoustines cuites !
- les œufs crus ou peu cuits comme les œufs sur le plat ou l’omelette sont à éviter tout comme les produits à base d’œufs crus : mayonnaise, sauces, crèmes. Attention aussi au tiramisu ou alors... sans œuf ! « Pour les œufs durs, pas de soucis. En revanche, oubliez les œufs gobés, les œufs sur le plat, en omelette, les œufs coque et mollets pendant 9 mois ! », confirme l’experte.
- les fruits et légumes qui ne sont pas épluchés ni lavés. « Il faut aussi faire attention aux fruits qu’on cueille dans son jardin comme les framboises ou les mûres qui peuvent avoir été souillées par un animal ».
- les herbes aromatiques – basilic, sauge, persil, etc. – qui n’ont pas été lavées y compris celles que vous faites pousser dans votre jardin ou sur votre terrasse.
Enfin, méfiez-vous aussi des aliments qui n’ont pas été bien conservés. « En été, la chaleur accentue les proliférations des germes, alors redoublez de vigilance ! ».
Quels sont les aliments à limiter ?
Même si ces aliments ne sont pas proscrits pendant la grossesse, il est prudent d’en limiter leur consommation.
Le thé et le café
Impossible de démarrer votre journée sans café ? « Aucun problème pour une tasse le matin, assure la spécialiste. En revanche, la caféine au même titre que l’alcool et le tabac passant la barrière placentaire et pouvant exposer au risque de fausse couche (au-delà de 100 mg de caféine soit une tasse de 150 ml), il est conseillé de limiter progressivement sa consommation ou de boire du décaféiné ».
Les fritures
Mieux vaut limiter les fritures, les sauces et les graisses de cuisson chargées en mauvaises graisses saturées et privilégier plutôt les huiles végétales pour un apport intéressant en acides gras essentiels nécessaires au bon développement de votre bébé.
Les produits sucrés
Promis... vous pouvez encore croquer dans un carré de chocolat noir ! En revanche, le métabolisme glucidique étant modifié pendant la grossesse, il est conseillé de privilégier les sucres complexes (céréales complètes ou demi-complètes, pain, légumes secs, pâtes, pommes de terre, etc.) au détriment des sucres simples (bonbons, barres chocolatées, sodas, etc.). « N’hésitez pas à remplacer le sucre par du sucre de coco ou du sirop d’agave par exemple, conseille la diététicienne. Les produits sucrés sont des aliments réconfortants, il n’y a donc aucune raison de vous en priver, tout est dans la modération ! ».
Alcool : tolérance zéro
L’alcool traversant la barrière placentaire, il est impératif de s’abstenir d’en boire pendant la grossesse. « Pour vous donner une idée, si vous consommez de l’alcool, votre bébé affichera le même taux d’alcoolémie que vous, insiste Catherine Conan-Chegrani. Malheureusement, beaucoup de femmes ne perçoivent pas l’impact de leur consommation sur l’enfant qu’elles portent. Une grande consommation d’alcool peut entraîner un syndrome d’alcoolisme fœtal aux conséquences graves pour votre bébé, à savoir des malformations cranio-faciales, un retard de croissance, des troubles du comportement, un retard psychologique, etc. » Alors, même si c’est votre anniversaire... mieux vaut décliner la coupe de champagne et opter plutôt pour un jus de tomate ou une eau pétillante !
Quels sont les bons gestes à adopter ?
Manger équilibré et diversifié
Lorsqu’on est enceinte, les besoins nutritionnels sont peu ou prou les mêmes qu’en dehors de la grossesse. Il est donc inutile de manger pour deux ! « Il ne faut pas manger deux fois plus... mais deux fois mieux, souligne la diététicienne-nutritionniste. Une alimentation équilibrée, variée et de qualité est la recette idéale pour une grossesse au top de votre forme. Et rappelez-vous, les besoins énergétiques durant la grossesse n’augmentent que peu, donc pas besoin de vous suralimenter ! ».
Se laver les mains régulièrement
Pour lutter contre les risques de maladies infectieuses, avant tout chose, lavez-vous régulièrement les mains. « C’est impératif avant de préparer les repas et après manipulation des aliments crus comme la viande ou le poisson, rappelle la spécialiste. Lavez-vous également les mains après contact avec un chat et évitez de nettoyer vous-même sa litière ».
Éplucher les fruits et les légumes
Afin d’éviter la toxoplasmose, il est conseillé d’éplucher et de laver soigneusement les fruits et les légumes crus : salade, carottes râpées, etc.
Respecter les dates limites de consommation
Enfin, pendant la grossesse, il est recommandé de consommer rapidement les aliments après leur achat, de prêter attention aux dates limites de consommation – dans le doute, jetez ! – d’emballer hermétiquement tout aliment entamé, de respecter les températures de stockage et de nettoyer régulièrement son réfrigérateur.
Quels sont les aliments à éviter lorsqu'on est enceinte ? - Santé Magazine
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