C'est le chiffre du jour : 21 %. Il correspond à la part imputée aux émissions de gaz à effet de serre (GES) issues de la production d'aliments ultra-transformés d'après des recherches réalisées au Brésil sur une période de trente ans. L'étude détaille l'empreinte carbone des aliments ultra-transformés et remarque que le changement des habitudes alimentaires au Brésil a des implications environnementales et que ce régime est devenu potentiellement plus nocif pour la santé humaine et planétaire.
Pour la première fois, des chercheurs se sont penchés sur l'empreinte carbone des aliments ultra-transformés. Réalisée au Brésil, l'étude publiée dans la revue The Lancet Planetary Health, révèle que la consommation de ces aliments contribuerait à augmenter les émissions de gaz à effet de serre des régimes alimentaires d'environ 21 %.
On connaît l'impact néfaste sur la Planète de la production de viande et des produits laitiers. Mais, selon cette étude réalisée par une équipe de recherche anglo-brésilienne, la consommation d'aliments ultra-transformés (pain industriel, sodas, biscuits, pizzas surgelées, etc) aurait elle aussi un impact significatif sur l'environnement.
Dans cet interview exclusive, Bruno Parmentier, spécialiste des questions agroalimentaires, pointe du doigt les pratiques aberrantes encore en cours sur le plan de l'agriculture, de l'approvisionnement et de la consommation. © Futura
La recherche s'étend sur une période de trente ans (de 1987 à 2018) et se base sur des données nationales représentatives pour évaluer les changements dans le régime alimentaire des Brésiliens, ainsi que l'implication de la consommation de ces aliments dans le réchauffement climatique.
La consommation de fruits et de légumes, au Brésil, a cédé la place aux aliments ultra-transformés, dont la production augmente considérablement les émissions de gaz à effet de serre. © OlegKov, Getty Images
L'impact négatif de la consommation d'aliments ultra-transformés
Quatre groupes distincts d'aliments ont été passés au crible, en fonction de leur teneur en additifs et de leur statut de « transformés » (allant du « non » à « ultra »). Les auteurs de l'étude ont d'abord constaté que la consommation d'aliments peu transformés tels que les fruits et les légumes a eu tendance à diminuer au fil des ans chez les Brésiliens, au profit des aliments ultra-transformés.
Or, cette catégorie d'aliment est précisément celle qui contribue le plus à l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Empreinte hydrique, déforestation : 1.000 calories (kcal) de ces aliments riches en additifs artificiels auraient augmenté d'environ 21 % les émissions de gaz à effet de serre liées aux régimes alimentaires des Brésiliens en l'espace de trente ans.
« L'impact environnemental croissant des aliments ultra-transformés est dû à l'augmentation de la consommation de viande ultra-transformée, qui a au moins doublé sa contribution à l'impact environnemental quotidien par individu, pour atteindre environ 20 % de l'empreinte totale liée au régime alimentaire sur la période de 30 ans », détaille l'étude.
« Pour notre santé et notre durabilité, les aliments ultra-transformés constituent déjà un problème massif et croissant. Nos résultats suggèrent que les maladies liées à l'alimentation et le changement climatique partagent les mêmes causes et doivent donc être traités simultanément », souligne dans un communiqué Christian Reynolds, coauteur de l'étude et maître de conférence au Centre for Food Policy de la City University of London.
Mauvais pour la santé, les aliments ultra-transformés ont fait bondir les émissions de gaz à effet de serre depuis 30 ans - Futura-Sciences
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