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Monday, May 10, 2021

Aliments, boissons, produits d’entretien... Sur les produits, les «scores» se multiplient - Libération

Comment guider les âmes soucieuses de mieux consommer, mais bien à la peine face au flot d’informations dans les rayons des supermarchés ? En instaurant un nouvel étiquetage sur la nocivité des produits ménagers, a répondu vendredi le gouvernement. Ainsi, à partir de 2022, un «toxiscore» pour «identifier la présence de substances chimiques dangereuses» va voir le jour sur les bouteilles de liquide vaisselle, déboucheurs de canalisation et autres lessives, a annoncé la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, sur France Info. Cet indice sera assez semblable au «Nutriscore», une note de A à E déjà présente sur les emballages des aliments et des boissons. Et la ministre de justifier cette mesure issue du quatrième plan national santé environnement : «Les étiquettes des produits ménagers sont très complexes. On ne sait pas très bien comment s’en servir. Il faut qu’on sache au premier coup d’œil s’il faut prendre des précautions d’utilisation, par exemple mettre des gants ou bien aérer la pièce.»

Limites informatives de l’écolabellisation

L’idée n’a rien de neuf ou de révolutionnaire. Depuis plusieurs années déjà, la Ligue contre le cancer ou des associations de consommateurs réclament la mise en place sur les produits d’entretien vendus dans les grandes surfaces (mais également sur les cosmétiques ou les vêtements) d’un pictogramme informant clairement de leur composition chimique (et signalant la présence de perturbateurs endocriniens notamment) et de leur potentiel cancérigène. De même, en 2019, l’Institut national de la consommation, éditeur du magazine 60 millions de consommateurs, avait proposé un «Ménag’score», système de notation allant de A à E pour orienter le choix des consommateurs vers des détergents aux composés moins dangereux pour la santé ou l’environnement.

Une façon d’encourager la commercialisation de produits ménagers plus écologiques par les industriels, malgré toutes les limites informatives de l’écolabellisation sur ce type de biens de consommation – une certification environnementale ne garantit pas qu’un produit est 100 % écolo ou de bonne qualité. «Il convient de garder à l’esprit que ce n’est parce qu’il y a une substance toxique dans un produit ménager qu’il y a forcément un risque avéré pour le consommateur, tempérait auprès de Libération Martine Ramel, une experte de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris). D’où la nécessité d’avoir un étiquetage qui se rapproche le plus des risques d’exposition pour les consommateurs et pas forcément sur la composition des produits en tant que telle.»

Soif de lisibilité sur les produits

Ce type d’étiquetage se multiplie pour répondre à la quête de transparence et de responsabilité des Français, inquiets des scandales alimentaires et sanitaires ces vingt dernières années, critiques des modes de production ou à la recherche de modes de vie plus sains. Ainsi, déjà instauré depuis 2017 bien qu’il soit facultatif sur les produits alimentaires, le «nutriscore» s’impose désormais au-delà des rayonnages des supermarchés français comme vigie de la malbouffe. Et ce malgré l’opposition de grands groupes agroalimentaires comme Coca-Cola ou Lactalis.

Un «écoscore», qui affiche le score environnemental des produits, est également en cours d’expérimentation pour dix-huit mois sur la base du volontariat. Il découle de la proposition de la Convention citoyenne pour le climat de mettre en place un «score carbone» censé indiquer aux consommateurs le bilan climatique des produits et services qu’ils achètent, mais aussi de l’étiquetage énergétique des appareils électroménagers obligatoire depuis les années 90. Enfin, l’entrée en vigueur d’un «indice de réparabilité» (une note de 1 à 10 sur les appareils électriques et électroniques), cette année, permet à l’acheteur d’être au clair sur la «durabilité» de ce type de biens en magasin. Depuis trois ans, un autre pictogramme, porté par des ONG, est également expérimenté dans la grande distribution (Casino en l’occurrence), pour informer les consommateurs du respect du bien-être animal dans la fabrication du produit.

Autant d’étiquetages boostés par le désir de savoir ce que l’on met dans son assiette, range dans son placard ou étale sur son visage ? Ces quatre dernières années, le succès grandissant de Yuka, qui propose de scanner avec son smartphone le code-barres des produits pour connaître leur qualité nutritionnelle ou écologique, a en tout cas mis en exergue cette soif de lisibilité sur les produits de la vie quotidienne. L’application, qui revendique aujourd’hui plusieurs millions d’utilisateurs rien qu’en France, a bouleversé les pratiques de consommation et a stimulé le créneau de la transparence. Depuis, de nouveaux outils comparatifs (Quelproduit de l’association UFC-Que Choisir, Open food facts, BuyOrNot) ont essaimé. Au risque de perdre le consommateur vigilant, mais mal informé, dans le trop-plein de logos, de scores, et de notes pas toujours cohérentes ? Et de lui faire croire que son seul choix éclairé peut changer la donne ?

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