Les Français contraignent-ils leur alimentation ?
Nous sommes dans un cycle d’inflation. Il y a une vraie baisse de la consommation liée à la sobriété, notamment sur l’énergie, même si, pour l’alimentation, elle ne dépasse pas 3 %. En euro constant, le chiffre d’affaires diminue parce qu’on change de produits achetés : au lieu d’acheter des produits chers au kilo, les Français mangent des œufs et des pâtes, parce que c’est ce qui, pour la même qualité nutritionnelle, coûte moins cher. Le paradoxe, c’est que ce qui augmente le plus en volume, c’est ce sur quoi il y a les plus fortes hausses de prix.
Pourquoi les premiers prix, et plus généralement les marques de distributeurs, sont plus affectés par l’inflation ?
La formation du prix des produits, notamment pour une grande marque alimentaire comme Danone, comporte du marketing et de la communication. Ces dépenses n’existent pas sur la marque premier prix, ni sur la marque distributeur portée par l’enseigne. Le premier prix, c’est encore moins de marketing et, proportionnellement, plus de matière première dans la composition du prix.
Existe-t-il un effet d’opportunité qui conduit à augmenter les prix là où la consommation augmente ?
Derrière les marques premier prix, on a plutôt de petits industriels. Ce ne sont pas eux qui ont assez de poids pour négocier les prix avec les grandes centrales de la distribution, dont le pouvoir est énorme. Et puis, en amont, l’agriculture essaye de faire passer des hausses de prix liées à l’inflation.
Dans ce contexte, l’origine France passe-t-elle au second plan ?
C’est obligatoire. Comme pour le bio : s’il baisse, c’est parce que le local l’a emporté, parce que son prix grimpe et qu’il est moins mis en avant dans la grande distribution. Mesurer les achats régionaux n’est pourtant pas si simple. Ce que l’on constate, c’est qu’il y a de moins en moins de chiffre d’affaires réalisé dans la grande distribution. Quand les gens veulent du local, ils achètent auprès des petits commerçants : cette partie a tendance à augmenter, mais ce sont des circuits mal mesurés.
L’inflation sur les produits alimentaires va-t-elle se poursuivre ?
En France nous avons l’inflation alimentaire la plus faible de tous les pays d’Europe. C’est parce que le cycle de négociations entre les industriels et la distribution ne se fait qu’une fois par an. La répercussion intervient maintenant : l’Insee annonçait 9,9 % pour septembre ; nous en sommes à 12 %, même si, comme sur l’énergie (NDLR : avec le bouclier tarifaire), l’effet retard doit permettre d’atténuer l’inflation.
Nous avions également des prix alimentaires, avant l’inflation, plus élevés que les autres pays européens, de la marge pour ne pas passer les augmentations que les autres pays ont fait passer. Au final, l’inflation va durer plus longtemps : on va être à 13 % à la fin de l’année et ça va se poursuivre en 2023. Les industriels réduisent d’ailleurs déjà leurs budgets communication pour l’année prochaine.
Pourquoi les aliments « premier prix » flambent - Marques de distributeurs : une valeur refuge face à l'inflation - Le Télégramme
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