Au supermarché, les emballages des produits alimentaires sont parfois trompeurs. Ils affichent des images de bons plats traditionnels ou d’animaux élevés en pleine nature, multiplient les slogans et les logos susceptibles de nous faire croire que leur contenu est sain, alors que ce n’est pas forcément le cas. Pour s’assurer une alimentation santé, mieux vaut donc ne pas tomber dans le piège et déjouer les ficelles du marketing, comme nous l’explique le docteur Mélissa Mialon, chargée de recherche à la Trinity Business School en Irlande, experte auprès de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et auteure de «Big food & Cie» publié aux éditions Thierry Souccar.
Pourquoi faut-il être prudent vis-à-vis des aliments industriels ?
Mélissa Mialon. Beaucoup de ces produits sont ultra-transformés. Ils sont conçus pour être attrayants et appétissants mais sont fréquemment trop riches en calories, en graisses, en sucre ajouté, en sel et en additifs de synthèse. En outre, ils se révèlent également souvent pauvres en protéines, en fibres alimentaires et en micronutriments essentiels à la santé (vitamines, antioxydants, etc…). Leur consommation fréquente augmente considérablement le risque d’obésité, de diabète et de maladies cardiovasculaires. Cela déséquilibre aussi le microbiote intestinal. L’évolution de l’homme a favorisé l’appétence envers les aliments gras et sucrés pour lui permettre de surmonter les périodes de famine – plus on stockait, mieux on survivait -, d’où notre attirance pour ces aliments qui donnent du plaisir à court terme. Mais ces produits ultra-transformés sont susceptibles de nous rendre malades à long terme, même avec un Nutri-Score A ou B.
Le Nutri-Score n’est-il donc pas un critère de choix 100% fiable ?
Non car il ne prend pas – encore - en compte l’ultra-transformation qui dénature les aliments. Ce score compare des produits uniquement sur la base de leur composition nutritionnelle. Il suffit d’ajouter de l’eau à la recette et de réduire un peu le taux de sucre ajouté pour être mieux noté. Les industriels l’ont bien compris : ils reformulent les produits en fonction de ce score qu’ils utilisent désormais comme argument marketing. Ils n’hésitent pas à afficher aussi en gros sur l’emballage la mention « -30% de sucre », par exemple, pour que le consommateur ait l’impression d’acheter un produit sain. Mais un aliment peut être bio, végan ou affublé d’un Nutri-Score A sans pour autant être bon pour la santé.
Quels conseils pour déjouer les ruses du marketing alimentaire ?
Mieux vaut aller faire ses courses après le repas, et non lorsqu’on a faim, afin de réduire le risque d’achats compulsifs. Les produits en caisse sont là pour nous mettre l’eau à la bouche, alors autant ne pas être affamé au moment où on attend pour payer. Il faut aussi s’en tenir à sa liste de course pour éviter de se laisser séduire par les emballages qui jouent de manière intentionnelle sur les émotions. Avant de choisir un nouveau produit, il faut toujours regarder la liste de ses ingrédients. S’il en contient plus de cinq, ou mentionne des ingrédients qu’on n’utilise pas dans sa cuisine, mieux vaut le laisser en rayon : il y de grande chance qu’il soit ultra-transformé. Essayez également de ne pas trop céder aux désidératas des enfants. Les industriels de l’agroalimentaire savent qu’ils jouent un rôle de prescripteur au sein des familles. Pour qu’ils influencent nos choix, les fabricants mettent en place des stratégies marketing subtiles – à la télévision, à l’école via des brochures pédagogiques, en colonie de vacances qui sont même parfois sponsorisée… – dont nous n’avons pas toujours connaissance.
Produits industriels : gare au marketing qui promeut des aliments soi-disant sains - Le Parisien
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