MONTRÉAL — Il ne suffit pas d’adopter de saines habitudes alimentaires pour favoriser la santé cardiaque, préviennent des lignes directrices publiées récemment par l’influente American Heart Association: on doit aussi être en mesure de les incorporer à notre existence de manière durable.
L’AHA se distancie donc des régimes populaires aux stipulations strictes — qui pourront imposer une modification de l’alimentation si radicale qu’elle en sera presque insoutenable — pour plutôt mettre de l’avant dix nouvelles habitudes à adopter graduellement, au fur et à mesure que l’occasion se présente.
Le groupe américain suggère ainsi de favoriser la santé cardiaque en combinant alimentation saine et activité physique; en tirant la majorité des nutriments de l’alimentation plutôt que des suppléments; en consommant des grains entiers; en réduisant la consommation de sel, de sucre ajouté et d’alcool; et en privilégiant les aliments à peine transformés plutôt que les aliments ultratransformés.
Ces recommandations, ajoute-t-on, peuvent être adaptées aux préférences alimentaires personnelles et aux traditions culturelles, ou encore au fait que la majorité des repas sont pris à la maison ou à l’extérieur. Elles reflètent les plus récentes connaissances scientifiques qui témoignent d’une forte association entre la qualité de l’alimentation et la santé du cœur, souligne le groupe médical.
Le plus important, a dit l’AHA, est d’apporter des modifications qui seront soutenables à long terme, en s’attaquant à un changement à la fois et en mettant l’emphase sur «ce qui fonctionne pour vous». On suggère par exemple de choisir les options réduites en gras ou en sel quand elles sont disponibles, ou encore de se familiariser progressivement avec les ingrédients des aliments que nous achetons régulièrement.
Il faut tenir compte de l’ensemble de l’alimentation (la variété et la quantité des aliments consommés régulièrement) au lieu de s’attarder à des aliments spécifiques, selon l’AHA.
«Les principales recommandations sont de faire des petits changements, des changements graduels, mais des changements dans l’alimentation des gens qui vont être durables, qu’ils vont être capables de maintenir à long terme», a résumé le professeur Benoît Arsenault, de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels de l’Université Laval.
Les régimes populaires qui promettent une perte de poids rapide et durable ne tiendront que partiellement parole, rappelle-t-il: si certains adeptes réussiront effectivement à perdre quelques kilos, à long terme le poids reviendra à son point de départ et pourra même le surpasser. Cette fluctuation pourra ensuite rehausser le risque de maladie cardiovasculaire.
Ces régimes pourront par exemple restreindre grandement la période pendant laquelle on peut s’alimenter dans une journée ou encore évacuer complètement certains aliments, ce qui pourra être très difficile à mettre en pratique à long terme.
«(Il faut) essayer d’avoir une alimentation qui se rapproche le plus possible des recommandations, par exemple celles du Guide alimentaire canadien qui spécifie de manger beaucoup de fruits et de légumes, de boire plus d’eau que de boissons sucrées, de manger plus de protéines végétales ou qui proviennent de viandes maigres, de manger plus de fibres et de produits à base de grains entiers», a dit M. Arsenault.
Il n’est pas facile pour tout le monde de changer son alimentation, a-t-il reconnu, surtout dans un environnement alimentaire où les aliments ultratransformés prennent toute la place.
La nouvelle stratégie de l’AHA ressemble un peu à celle adoptée il y a quelques années pour faire la promotion de l’activité physique.
Quand on a réalisé que le sermon «au moins trois fois par semaine, 30 minutes chaque fois» avait comme effet pernicieux de décourager la population, on a plutôt commencé à suggérer d’incorporer l’activité physique à la vie de tous les jours, par exemple en utilisant l’escalier ou en descendant du bus un arrêt plus tôt.
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Améliorer ses habitudes alimentaires, une habitude à la fois - L’actualité
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